Retrait americain d’Afghanistan: les coulisses d’un fiasco



WASHINGTON — Tôt dans la matinée du 24 avril, une réunion des plus hauts responsables de la sécurité nationale des États-Unis se tient au Pentagone pour finaliser en secret le retrait des troupes américaines d’Afghanistan. Deux semaines plus tôt, le Président Joe Biden annonçait ce départ, contre l’avis de ses généraux, qui doivent maintenant exécuter ses ordres.

Dans une pièce sécurisée à “l'extrême sous-sol” du bâtiment, deux étages sous le rez-de-chaussée, le secrétaire à la Défense Lloyd J. Austin III et le Général Mark A. Milley, chef d’état-major des armées américaines, retrouvent les responsables du renseignement et de la Maison-Blanche. Antony J. Blinken, le secrétaire d’État, participe par vidéo interposée. Quatre heures de discussion permettent de clarifier deux points.

Premièrement, les responsables du Pentagone disent pouvoir retirer avant le 4 juillet les 3500 soldats américains restants, en majorité déployés sur la base aérienne de Bagram — soit deux mois plus tôt que la date limite du 11 septembre fixée par M. Biden. Ce plan suppose de fermer les pistes aériennes qui ont servi de plaque tournante aux forces américaines en Afghanistan, mais les responsables de la défense ne veulent pas laisser sur place un contingent diminué et vulnérable faisant courir le risque de pertes supplémentaires dans une guerre déclarée perdue.

Deuxièmement, les responsables du département d’État envisagent de maintenir ouverte l’ambassade américaine, avec plus de 1400 ressortissants américains sous la protection de 650 Marines et soldats. Une analyse de renseignement présentée pendant la réunion estime que les forces afghanes pourraient contenir les talibans pendant encore un an ou deux. Un plan d’évacuation d’urgence est brièvement évoqué — les Américains seraient héliportés jusqu’à l’aéroport civil de Kaboul, la capitale — mais personne ne se demande, et encore moins ne peut imaginer, ce que feront les États-Unis si les talibans prennent le contrôle de l’accès à l’aéroport, seule porte d’entrée et de sortie sûre du pays une fois Bagram fermé.

Voilà un bon plan, concluent-ils.

Quatre mois plus tard, ce plan est en lambeaux et M. Biden a toutes les peines du monde à expliquer comment le retrait, que tant d’Américains approuvent, en arrive à se dérouler de façon aussi catastrophique sur le terrain. Vendredi dernier, alors que les chaînes du monde entier diffusaient des scènes de souffrance et de chaos depuis l’aéroport, M. Biden est allé jusqu’à dire : “Je ne peux rien promettre sur l’issue finale, ce qui arrivera et si cela arrivera sans risque de pertes”.

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Des entretiens avec les acteurs clés des derniers jours de la guerre pointent du doigt une série d’erreurs d’appréciation, et l’échec du calcul de M. Biden selon lequel le retrait des troupes américaines — donnant la priorité à leur sécurité plutôt qu’à l’évacuation des civils américains et de leurs alliés afghans — se déroulerait sans heurts.

Les membres du gouvernement de M. Biden étaient restés persuadés qu’ils avaient tout leur temps. Le commandement militaire avait surestimé la volonté des forces afghanes de combattre pour leur propre pays et sous-estimé combien le retrait américain minerait leur assurance. Le gouvernement avait trop misé sur le président afghan Ashraf Ghani, qui a pris la fuite à la chute de Kaboul.

Et alors que la Maison-Blanche explique qu’elle a organisé plus d’une cinquantaine de réunions sur la sécurité de l’ambassade et les évacuations, et constate qu’aucun Américain n’est mort jusque-là au cours des opérations, toute cette planification n’a pas su prévenir le chaos qui a suivi la prise-éclair de Kaboul par les talibans.

Ce n’est que ces dernières semaines que l’administration américaine a finament dévié de son plan initial. Il était déjà trop tard.

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Cinq jours après la réunion d’avril au Pentagone, sur un vol quittant Hawaï pour Washington, le général Milley déclarait aux journalistes présents que les troupes du gouvernement afghan étaient “raisonnablement bien équipées, raisonnablement bien entraînées, et raisonnablement bien menées”. Il se refusait à dire si elles pourraient s’en sortir seules, sans l’appui des États-Unis.

“Franchement, on ne sait pas encore,” admettait-il. “Il faut attendre et voir comment les choses se dérouleront au cours de l’été.”

La crème des officiers du renseignement du président se faisait alors l’écho d’une telle incertitude, émettant en privé des doutes sur les capacités afghanes à prendre le relais. Ils estimaient néanmoins qu’une reprise totale du pouvoir par les talibans n’aurait pas lieu avant 18 mois. Sur la base d’informations classées secret qui avaient été présentées à M. Biden, un haut responsable affirme que rien ne semblait alors indiquer que les talibans étaient en marche.

Et pourtant, ils l’étaient. À travers tout le pays, les militants gagnaient en puissance de façon méthodique, sommant les chefs tribaux des zones qu’ils traversaient de se rendre ou de mourir. Ils collectaient armes, munitions, volontaires et argent dans leur ruée de ville en ville, de province en province.

En mai, ils lançaient une offensive d’envergure sur la province de Helmand dans le sud et sur six autres régions d’Afghanistan, dont Ghazni et Kandahar. À Washington, l’angoisse était palpable au sein d’associations de réfugiés qui craignaient les représailles des talibans à l’encontre des milliers de traducteurs, interprètes et autres qui avaient aidé l’effort de guerre américain.

Ces groupes estimaient alors que 100 000 Afghans et membres de leurs familles étaient désormais des cibles pour la vengeance des talibans. Le 6 mai, les représentants des plus importantes associations de réfugiés, dont Human Rights First, the International Refugee Assistance Project, No One Left Behind et le Lutheran Refugee and Immigration Service, se connectaient par Zoom pour échanger avec des membres du Conseil national de sécurité.

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Ces groupes suppliaient la Maison Blanche d’opter pour une évacuation en masse des Afghans et de ne pas compter sur un programme de visas dédiés qui croulait déjà sous un arriéré de demandes et condamnait les Afghans à des mois, voire des années d’attente.

Il est trop tard pour des visas, disaient ces groupes, et les Afghans doivent être secourus rapidement pour rester en vie. La réponse fut cordiale mais sans engagement, selon un intervenant, qui prit alors conscience, le coeur serré, que la Maison-Blanche n’avait tout simplement aucun plan pour les Afghans.

Seth Moulton, député démocrate du Massachusetts, ancien combattant et allié M. Biden, se faisait l’écho de ces préoccupations lors de ses échanges avec le gouvernement, répétant à qui voulait l’entendre à la Maison Blanche, au département d’État et au Pentagone “qu’il faut arrêter le processus des visas en Afghanistan et juste mettre les gens à l’abri.”

Mais accéder à la requête de M. Moulton et des associations de réfugiés aurait signifié le lancement d’une nouvelle opération militaire risquée, avec un possible renfort de troupes, alors que M. Biden venait d’annoncer le contraire. C’était aussi aller contre le souhait du gouvernement afghan, car une évacuation aussi visible équivalait à un désavœu du gouvernement et de ses forces armées.

Au lieu de cela, le département d’État accéléra le rythme d’émission de visas pour résorber les listes d’attente, remodelant le système d’étude et de sélection des demandes pour écourter les délais — mais seulement à moins d’un an. Au final, plus de 5600 visas spéciaux furent délivrés entre avril et juillet, un record dans l’histoire du programme, mais qui ne représentaient qu’une fraction de la demande.

Pendant ce temps, les talibans continuaient leur avancée et l’ambassade à Kaboul pressait les Américains de quitter le pays. Le 27 avril, ordre était donné à près de 3000 employés de partir et le 15 mai, la diplomatie envoyait un dernier avertissement aux ressortissants américains : “L’Ambassade des États-Unis suggère fortement aux citoyens américains de s’organiser pour quitter l’Afghanistan dès que possible.”

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Le 25 juin, Ashraf Ghani est à la Maison Blanche pour y rencontrer Joe Biden. Ce sera la dernière réunion entre un président américain et un de ces dirigeants afghans que les États-Unis ont encouragés, cajôlés et disputés au cours des 20 dernières années.

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Latest Updates

  • The Pentagon deploys helicopters and special forces in Kabul for evacuations.
  • Covid concerns in Kabul are an afterthought amid evacuation.
  • Airlines start evacuating Americans and Afghan allies from bases.

Face aux caméras en début de rencontre, MM. Ghani et Biden se répandent en admiration mutuelle, alors même que M. Ghani est furieux de la décision de retirer les troupes américaines. Une fois les journalistes renvoyés de la salle, la tension était palpable.

M. Ghani, ancien responsable de la Banque mondiale que M. Biden juge arrogant et têtu, émettait alors trois demandes, selon un officiel au fait de la discussion. Il voulait que les États-Unis soient “conservateurs” dans l’attribution de visas aux interprètes et autres, et qu’ils fassent “profil bas” sur leur départ du pays, afin de ne pas donner l’impression d’un manque de confiance dans son gouvernement.

Il souhaitait aussi accélérer l’assistance en matière de sécurité et s’assurer d’un accord pour que l’armée américaine poursuive ses frappes aériennes et fournisse une surveillance depuis ses avions et ses hélicoptères, en soutien des troupes afghanes en lutte contre les talibans. Les responsables américains craignaient alors que plus ils affronteraient directement le groupe militant, plus les talibans prendraient des diplomates américains pour cible.

M. Biden accepta de fournir l’aide aérienne et de faire en sorte que l’évacuation des Afghans se déroule discrètement.

C’était au tour de M. Biden de formuler sa requête : les forces afghanes sont trop dispersées, disait-il à son homologue, et ne doivent pas essayer de livrer combat sur tous les fronts. Il réitèra le conseil américain de consolider les forces afghanes autour de points stratégiques. M. Ghani n’en tiendra pas compte.

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La semaine suivante, le 2 juillet, M. Biden était d’humeur exubérante devant un petit parterre de journalistes pour fêter les derniers chiffres de l’emploi, qui attestaient selon lui de la réussite de son plan de relance économique. Mais les questions portaient toutes sur la nouvelle de l’abandon de la base aérienne de Bagram par les États-Unis, sans même prévenir, ou à peine, les Afghans.

“Il s’agit d’une réduction concertée avec nos alliés,” se défendait-il, “il n’y a rien là d’extraordinaire”.

Que le feu des questions porte sur l’Afghanistan et non sur l’économie le contrariait à l’évidence de plus en plus. Évoquant la visite de M. Ghani, il précisa : “Je pense qu’ils ont la capacité de maintenir leur gouvernement en place”, ajoutant toutefois qu’il faudrait négocier avec les talibans.

Puis, pour la première fois, on le pressait d’expliquer ce que le gouvernement comptait faire pour sauver Kaboul en cas d’attaque directe. “J’aimerais parler de choses positives, les gars”, répondait-il, martelant qu’il existait un plan.

“Nous avons formulé des hypothèses tous azimuts”, affirmait-t-il — autrement dit, le gouvernement avait des plans en cas d’imprévu. “Mais les Afghans vont devoir se débrouiller seuls avec les forces aériennes dont ils disposent, que nous aidons à soutenir.” Or à cette date, la plupart des entreprises américaines sous contrat qui maintenaient l’aviation afghane en état de voler s’étaient retirées avec les troupes. Les gradés de l’armée et du renseignement avouent qu’ils craignaient que les Afghans ne pourraient plus voler.

Au 8 juillet, presque toutes les forces américaines avaient quitté l’Afghanistan et les talibans continuaient sur leur inexorable lancée de reconquête du pays. Dans le discours qu’il a prononcé ce jour-là à la Maison Blanche pour défendre sa décision de partir, M. Biden était dans une position délicate, exprimant son scepticisme quant aux capacités des forces afghanes tout en veillant à ne pas saper le gouvernement. Un peu plus tard, il s’emporta contre un journaliste qui dressait un parallèle avec le Vietnam : “En aucune circonstance on ne verra des gens évacués du toit d’une ambassade en Afghanistan. La situation n’est pas du tout comparable.”

Understand the Taliban Takeover in Afghanistan


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Who are the Taliban? The Taliban arose in 1994 amid the turmoil that came after the withdrawal of Soviet forces from Afghanistan in 1989. They used brutal public punishments, including floggings, amputations and mass executions, to enforce their rules. Here’s more on their origin story and their record as rulers.

Cinq jours après, pourtant, environ deux douzaines de diplomates américains, tous de l’ambassade à Kaboul, adressaient un mémo directement à M. Blinken via le canal “désaccord” du département d’État. Le message, évoqué pour la première fois par le Wall Street Journal, exhortait l’administration à débuter les vols pour évacuer les Afghans dans les deux semaines et à se dépêcher de les enregistrer pour des visas.

Le lendemain, la Maison-Blanche donnait un nom à l’intensification en cours de ses efforts: “Operation Allies Refuge”, opération refuge alliés.

Fin juillet, le général Kenneth F. Mackenzie Jr., à la tête du commandement central américain qui supervise toutes les opérations militaires dans la région, recevait l’autorisation de M. Austin, le secrétaire à la Défense, de prolonger la présence du navire d’assaut amphibie Iwo Jima dans le golfe d’Oman, afin que les Marines à bord soient suffisamment proches pour se rendre en Afghanistan en cas d’évacuation des Américains. La semaine suivante, l’inquiétude de M. Austin était telle qu’il d’ordonnait au corps expéditionnaire à bord du navire — quelque 2000 Marines— de débarquer et de stationner au Koweït pour pouvoir gagner l’Afghanistan au plus vite.

Au 3 août, des hauts responsables de la sécurité se retrouvaient à Washington pour évoquer un nouveau rapport des renseignements : les capitales de province à travers le pays tombaient les unes après les autres aux mains des talibans et le gouvernement menaçait de s’effondrer “d’un jour ou d’une semaine à l’autre”. Ce n’était pas le plus vraisemblable, mais c’était de plus en plus plausible.

Au Forum d’Aspen sur la Sécurité le 3 août, Zalmay Khalilzad, principal délégué américain aux pourparlers de paix afghans, déclarait : “Nous aidons le gouvernement pour que les talibans ne s’imaginent pas que ce sera du gâteau, qu’ils peuvent conquérir et prendre contrôle du pays”. C’est pourtant exactement le scénario qui s’est réalisé à peine quelques jours plus tard.

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Au 6 août, les cartes du Pentagone affichaient une traînée grandissante de régions sous contrôle taliban. Si les Afghans avaient combattu dans certaines zones, ils s’étaient rendus dans la plupart des autres.

À Washington ce jour-là, le Pentagone étudiait les scénarios du pire. Si la sécurité continuait de se détériorer, le plan — élaboré en avril par Elizabeth Sherwood-Randall, conseillère à la sécurité intérieure, quelques jours après l’annonce du retrait par Joe Biden — prévoyait d’évacuer par les airs le personnel hors de l’ambassade, et pour la plupart hors du pays, tandis qu’un petit noyau de diplomates demeurerait opérationnel depuis un site à l’aéroport.

En apparence, l’aéroport de Kaboul se prêtait bien à une évacuation. Proche du centre-ville, il est à seulement 12 minutes en voiture et 3 minutes en hélicoptère depuis l’ambassade — une logistique rassurante pour les planificateurs après la fermeture de Bagram, distant de 80 km et à plus d’une heure de route de Kaboul.

Le mercredi 11 août, la percée des talibans était si alarmante que M. Biden demanda à ses principaux conseillers réunis dans la salle de crise de la Maison Blanche s’il n’était pas temps d’envoyer les Marines à Kaboul et d’évacuer l’ambassade. Il demanda une évaluation actualisée de la situation et autorisa l’usage d’avions militaires pour évacuer les alliés afghans.

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Kandahar et Ghazni sont tombées alors qu’il faisait nuit à Washington. Le 12 août, les responsables de la sécurité nationale sont réveillés à 4h du matin et convoqués à une réunion urgente quelques heures plus tard pour présenter des options au président. Une fois tout le monde présent, Avril D. Haines, directeur du renseignement national, annonça que les agences de renseignement ne pourraient plus garantir un délai suffisant pour sonner l’alarme en cas de siege imminent de la capitale.

Chacun s’est regardé, selon un participant, et tous sont arrivés à la même conclusion : il est temps de lever le camp. Une heure plus tard, Jake Sullivan, conseiller de M. Biden à la sécurité nationale, pénètre le Bureau Ovale pour faire part du consensus unanime qu’il fallait commencer l’évacuation et déployer 3000 Marines et soldats de l’armée de terre sur l’aéroport.

Le samedi 14 août, M. Biden se trouve à Camp David pour, il l’espère, 10 jours de vacances. Au lieu de cela, il a passé le plus clair de la journée en éprouvantes visioconférences avec ses principaux conseillers.

Lors d’un des appels, M. Austin a insisté que tout le personnel resté à l’ambassade de Kaboul soit immédiatement transféré à l’aéroport. Un revirement de taille par rapport à ce que le porte-parole du département d’État, Ned Price, avait déclaré à peine deux jours plus tôt, à savoir que “l’ambassade reste ouverte, nous avons l’intention de continuer notre travail diplomatique en Afghanistan.” Ross Wilson, l’ambassadeur américain en exercice, prévenait qu’il fallait encore 72h au personnel pour se préparer à quitter les lieux.

“Il faut partir maintenant ,” réplique M. Austin.

Le même jour, M. Blinken et M. Ghani se parlent au téléphone. Le président afghan se montre combatif, selon un responsable au courant de la discussion, assénant qu’il défendrait son pays jusqu’au bout. Ce qu’il omet de dire à M. Blinken, c’est qu’il prépare déjà sa fuite — que les responsables américains apprendront par voie de presse.

Plus tard ce jour-là, l’ambassade US en Afghanistan s’engage par message à défrayer les ressortissants américains pour qu’ils quittent le pays, mais alerte sur la possibilité que “des sièges ne soient pas disponibles” sur les vols commerciaux internationaux encore opérationnels depuis Kaboul.

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Le dimanche, M. Ghani n’est plus là. Son départ — il réapparaîtrait quelques jours plus tard aux Émirats arabes unis — et les scènes des talibans victorieux au palais présidentiel confirme la chute du gouvernement. Dès la fin de la journée, ces derniers déclarent aux medias leur intention de restaurer l’Émirat islamique d’Afghanistan.

Pendant ce temps, l’évacuation du personnel de l’ambassade est en cours, les diplomates se hâtant de quitter les lieux par hélicoptère pour rejoindre un bunker à l’aéroport.

D’autres sont restés sur place, le temps de brûler des documents sensibles. L’un d’eux raconte qu’on fait sauter ou détruire des hélicoptères, produisant un panache de fumée qui s’élève de l’enceinte.

Nombre d’Américains et d’Afghans ne parviennent cependant pas à atteindre l’aéroport car les talibans avaient dressé des checkpoints sur les routes et en ville, rouant parfois de coup les gens qui tentaient de passer. Le F.B.I. s’inquiétait du risque que des Américains puissent être kidnappés par les miliciens ou par d’autres gangs criminels — une perspective cauchemardesque en l’absence de l’armée.

Dans la soirée, tandis que Joe Biden se préparait à s’adresser à ses compatriotes pour faire un point sur la situation, le drapeau américain était retiré de l’ambassade abandonnée. La Green zone, autrefois cœur de l’effort américain pour reconstruire le pays, était redevenue le domaine des talibans.

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Avec la collaboration de Mark Mazzetti, Adam Goldman et Michel Crowley.